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David Saforcada
7 mars 2017

Réponse à l'ASAF

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L'Association de Soutien à l'Armée Française a adressé une lettre/questionnaire à l'ensemble des candidats à l'élection présidentielle de 2017. Les questions de Défense sont cruciales pour notre pays et il ne faut pas les galvauder. J'ai répondu aux 8 questions posées par l'association avec toute l'implication que peut avoir pour ces questions un ancien "marsouin" membre de l'Union Nationale des Combattants et de l'ASAF. Je vous livre, ci-dessous, mes réponses qui rejoingnent les propositions que j'ai déjà pu faire sur le sujet.

 

8 questions sur la Défense au futur 8e président de la Ve République

 

1- Quelle réflexion avez-vous développée sur la responsabilité de chef des Armées ?

Ancien militaire du rang, EVAT de 1990 à 1999, ayant servi au sein des Troupes de Marine j’ai pu « toucher du doigt » ce qu’un chef des Armées peut demander à « ses » soldats et ce que ceux-ci donnent pour la France. Le Président de la République, dans ce domaine plus qu’un autre, n’est pas là pour « inaugurer les chrysanthèmes » mais pour être au plus prêt de la chose militaire. Au plus prêt qu’il s’agisse de faire mettre en place une véritable politique de Défense en donnant toute leur place aux militaires, à tous niveaux hiérarchiques afin de leur permettre d’être à l’appui des opérations sur la totalité de leur réalisation,  mais aussi au plus prêt des troupes lorsque celles-ci sont engager sur un théâtre d’opération quel qu’il soit. Chef des Armées, le Président est le garant des traditions, de la cohésion et de la reconnaissance de la Nation qui sont parmi les piliers de l’Institution. Il ne doit jamais oublier qu’il a entre ses mains la vie des soldats de France mais aussi leur honneur. Parce qu’il peut demander le sacrifice ultime, il doit être un bouclier pour les militaires.

2- Le général de Gaulle a écrit que « la Défense est le premier devoir de l’Etat ». Partagez-vous cette priorité et, plus généralement, comment celle-ci s’inscrirait-elle dans votre politique globale ?

Oui, l’Etat a pour mission d’assurer la protection du territoire national et de maintenir une certaine image de la France dans le monde, cela s’appuie sur une Défense à la hauteur. Pour moi la question de Défense s’inscrit dans un tout qui va de l’Instruction Publique (sens des valeurs, héritage historique mais aussi intégration …) au devoir de mémoire (honorer tous les Soldats de toutes nos guerres mais aussi ne pas oublier les « vétérans » d’aujourd’hui) en passant par une vision de la place de la France sur l’échiquier mondial et donc les moyens mis en œuvre pour occuper cette place mais aussi par une politique de ré-industrialisation militaire. La Défense n’est pas une simple ligne comptable, variable d’ajustement d’un budget national.

 

3- La part du PIB consacrée à la Défense est aujourd’hui de 1,5% (hors pensions). Quelle part du PIB (hors pensions) envisagez-vous de lui consacrer et à quelle échéance ?

Il est évident que le budget de la Défense ne peut rester à un si faible niveau mais il ne peut pas non plus se contenter des 2% préconisés par beaucoup pour suivre la demande de l’Otan. Pour ma part, je propose une augmentation du budget de la Défense (hors pension) suivant un effort progressif permettant d’atteindre 3% du PIB entre 2020 et 2025. Cet effort est obligatoire si nous voulons pouvoir avoir une hausse des effectifs mais aussi et surtout pour avoir des matériels rénovés ou nouveaux (avec un taux maximum de disponibilité), des matériels venant aussi combler des vides capacitaires.

 

4- Quelle est votre position sur la dissuasion nucléaire, en particulier sur la nécessité de moderniser ses deux composantes dans la décennie à venir ?

La dissuasion nucléaire doit rester une des composantes de notre défense et elle se doit d’être modernisée mais il ne faut pas perdre de vue la vision globale que doit avoir notre pays entre forces nucléaires et forces conventionnelles sur le court et moyen terme. A titre personnel je m’interroge sur la nécessité d’avoir une capacité nucléaire air et une capacité nucléaire mer. Je pense qu’on pourrait réduire voir supprimer la composante aérienne afin de libérer des capacités pour les forces conventionnelles.

 

5- La France, membre fondateur de l’OTAN, a réintégré son commandement militaire en 2009. Face à un éventuel désengagement américain, pensez-vous que la France y aurait encore un rôle à jouer ? Comment peut-elle dès aujourd’hui contribuer à bâtir une défense européenne ?

Je vais être clair, pour moi le retour de la France au sein du commandement intégré de l’Otan fut une erreur. Notre pays doit se retirer de cette organisation et retrouver une indépendance totale. C’est en étant souveraine que la France a toujours su peser dans le monde. Pour construire une défense européenne, il faudrait qu’il existe une politique étrangère européenne et ce n’est pas le cas. Si on prend un exemple ressent, comme l’envoi par l’Allemagne d’un bataillon en Lituanie en lieu et place du Sahel, on peut se rendre compte que rien n’a évolué depuis la guerre en ex-Yougoslavie.  La France doit être en mesure non pas de bâtir une défense européenne mais d’être moteur d’une défense de l’Europe avec les nations qui ont compris où sont les priorités.

 

6- Il est parfois reproché aux gouvernements d’engager notre armée sans avoir un objectif politique clair s’appuyant sur une stratégie globale et de long terme. Quelle serait votre politique dans ce domaine au Moyen-Orient mais surtout en Afrique, champ d’influence premier et historique de la France ?

Avant de regarder vers l’Afrique, le Moyen-Orient ou même à l’Est, la France doit en premier temps avoir une politique de défense de sa ZEE incluse dans le grand projet de France sur Mer que je préconise. Concernant l’Afrique, il faut que la France affirme clairement que sa sécurité est son problème. Cette stratégie africaine, francophone ou non, doit être militaire mais aussi économique, environnementale et sociétale car le danger islamiste ne se combattra pas simplement que par les armes et le problème migratoire par nos frontières. Pour ce qui est du Moyen-Orient, il faut que la France soit claire sur ses positions qui sont la lutte contre les islamistes et la protection des minorités (on a trop tendance à oublier notre statut unique depuis 1535 de gardienne des lieux Saints chrétiens). Il ne faut pas hésiter à rompre avec certaines monarchies jouant un jeu trouble. La France doit soutenir le processus de paix au Moyen Orient entre Israël et la Palestine. L’arrêt des colonisations est indispensable à ce processus, ainsi que la création d’un Etat Palestinien indépendant qui permettra aux populations locales de vivre sereinement. Cependant, la France ne reconnaîtra jamais une Palestine qui serait dirigée par une organisation terroriste ou qui refuserait de reconnaitre Israël comme un Etat juif.

 

7- Il existe aux Etats-Unis une garde nationale qui est une véritable armée dont le budget est d’ailleurs équivalent à celui de notre Défense. La garde nationale récemment créée en France n’est autre qu’un changement de vocable pour parler des réservistes servant au sein des forces armées et des forces de sécurité. Prévoyez-vous son extension ou le maintien du statu quo actuel ?

Je ne crois pas à ce concept « cache sexe » de Garde Nationale. Il ne faut pas se leurrer, nous n’avons pas et nous n’aurons pas les moyens d’avoir une Garde Nationale à l’américaine. Notre défense doit intégrer la composante réserve avec un véritable budget au sein du budget global mais surtout en révisant son organisation. Cette révision passera tout d’abord par une mise au point vis-à-vis de la disponibilité s’adressant aux réservistes et à leurs employeurs.  Elle sa basera ensuite sur une double organisation, réserve opérationnelle et réserve territoriale. La réserve opérationnelle serait composée des « RO2 » et des volontaires opérationnels (réserve pouvant être employé sur l’ensemble du territoire national ou dans les forces pré-positionnées). La réserve territoriale serait composée des autres volontaires servant uniquement dans leur  zone de défense et de sécurité sur réquisition.

 

8- La conscription a été suspendue en 1997 par le président Chirac. Etes-vous favorable au développement d’une coopération entre les administrations de la Défense et de l’Education nationale pour renforcer le lien Armée-Nation ? Souhaitez-vous la création d’un service militaire court obligatoire ou de volontaires ? Si oui, quelle en serait la finalité ?

Il faut développer les coopérations entre la Défense et l’Education Nationale mais aussi avec le monde économique (pour la reconversion de nos militaires par exemple ou bien pour le SMA) et associatif. La réserve citoyenne est un outil de cette coopération mais les amicales régimentaires, les musées d’armes doivent aussi s’investir. Il faut créer une osmose entre les associations de vétérans, les réserves et les troupes d’active. C’est un tout qui fera le lien Armée-Nation.

Pour ce qui est du Service Militaire, je ne cache pas que je suis partisan de son retour, dans un format universel et obligatoire, mais cela ne me fait pas perdre de vu les impossibilités, budgétaire, matérielle, humaine, actuelles. Après une hausse du budget de la Défense et après avoir atteint les objectifs capacitaires envisagés alors on pourra alors lancer une étude sérieuse sur le retour à un Service Militaire.

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David Saforcada
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