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David Saforcada
10 décembre 2016

Le bonapartisme, un patriotisme social.

01Parler aujourd'hui de l'économie, c'est nécessairement parler de la mondialisation, de l'ouverture des frontières, du libre-échange international, de la concurrence et des sacrifices à faire en retour. De la France et des Français, il n'en est plus question. Pourtant, pour nous, les bonapartistes, au début, il y a la France et les Français. Dans ce contexte de mondialisation, la voix des Napoléon résonne comme un appel à la résistance : il est temps, nous dit cette voix, de reconstruire ce lien social absolu qui unit la nation, le peuple et l'Etat, ce lien consubstantiel qui lie la Nation et la démocratie.

Or, quel est le paradoxe du bonapartisme aujourd'hui ? Plus les Napoléon sont loués ,encensés, unanimement reconnus - plus les Napoléon s'éloignent. Plus les Napoléon  sont mis en scène, plus ils sont oubliés : devenus des icônes vides, transformés en mythe, les Napoléon sont dépossédés de l'essentiel de leur pensée politique. Si le bonapartisme n'a jamais été un dogmatisme doctrinaire, il se caractérise en réalité par une pensée politique forte, dont le point d'ancrage est ce double lien, d'abord entre la pensée et l'action, ensuite entre l'action et les circonstances : agir, en fonction des circonstances, dans le seul intérêt de la France et des Français, tel est le bonapartisme. Aujourd'hui encore, Napoléon et Napoléon III sont mal lu. Il n'est pas question de réduire le bonapartisme au principe de l'autoritarisme organisateur, encore moins d'accepter de l'inscrire dans ce que Bernard Henri-Lévy nomme " l'idéologie française " et qui ferait du bonapartisme une sorte de régression nationale et conservatrice d'une essence douteuse.

 Il n'est pas de France sans ouverture sur le monde, comme le symbolise son extraordinaire façade maritime ; il n'est pas de France sans la prise en compte de ce monde global qui est le nôtre aujourd'hui. Il n'est pas de France sans l'Europe. D'ailleurs, les Napoléon étaient-ils contre l'Europe ? Sûrement pas, même s'ils se faisaient une certaine idée de l'Europe, par sentiment et par raison, idée qui est celle des Etats-nations. Ce que les Napoléon voulaient, c'était l'indépendance de la France et non son isolement.

Il existe donc, pour nous, les bonapartistes, d'abord la France et les Français, sans crispation ni nostalgie d'un monde passé, sans démagogie électoraliste. Il existe la France et les Français, l'une n'allant pas sans les autres, idée simple qu'il faut pourtant sans cesse rappeler et qui contredit les experts de la mondialisation heureuse qui affirment que la France va bien mais que les Français ne le savent pas. Car les Français, nous disent ces mêmes experts, sont ignorants de la chose économique. Finalement, le libéralisme libertaire n'est rien d'autre qu'un stalinisme à l'envers, puisqu'il prône le sacrifice des générations actuelles pour assurer le bonheur des générations futures. Encore ce mythe destructeur de l'homme nouveau que tous les totalitarismes ont voulu faire naître : l'homme nouveau communiste, l'homme nouveau des nazis, l'homme nouveau de l'intégrisme musulman…

Plus sournois, car paré des habits d'une modernité qui entretient la confusion entre liberté et libéralisme, voici que surgit, à l'aube du XXIe siècle, l'Homo economicus nouveau, libéré des contraintes géographiques, débarrassé de tout repère éthique, l'œil fixé sur les cours de la Bourse, gérant sa fortune en direct sur Internet, trouvant son accomplissement dans la dissolution du lien social. Car il n'est plus question de cet effort national incarné par les Napoléon, cet effort accompli par tous, chacun étant en droit d'attendre, en juste retour, le partage des fruits de la croissance, la république assurant, dans le même temps, le bon fonctionnement de l'ascenseur social. Or, avec cette dissolution du lien social, il est à craindre que l'idéologie du libéralisme libertaire ne soit la justification des totalitarismes de demain. Car ce qui reste, au-delà des idéologies du passé, c'est la question sociale.

Toujours la question sociale, diront certains. Mais pourquoi ne pas relire Napoléon III ? On constate alors, dans ses textes, que Napoléon III associe toujours indépendance nationale, développement économique et transformation sociale.

Assurer le triomphe de l'esprit sur la matière, tel est l'enjeu que le bonapartisme assigne à la politique. Ce message est celui d'Aristote, il est celui du Siècle des lumières, il est celui de Tocqueville, il est aussi celui des Napoléon. Rien ne change : le combat pour les idées de progrès, de justice sociale et de démocratie se poursuit éternellement : l'histoire n'a pas de fin, seules les circonstances changent. Nous avons appris que l'action politique n'est pas vaine. Elle est même devenue encore plus essentielle, car, avec l'effondrement des grandes idéologies et la disparition de l'ancienne vision manichéenne du monde, le réel apparaît dans toute sa complexité. En même temps, les logiques de développement de l'après-guerre à l'abri des frontières protectrices et de l'étendue des grands empires, ont atteint, depuis longtemps, leurs limites.

Le bonapartisme est le contraire du pilotage à vue ou du pragmatisme lié à une forme de renoncement devant la complexité du réel. La volonté doit-elle disparaître ? Bien-sûr que non. Pour comprendre cela, il nous faut revisiter les idées fondamentales du bonapartisme.

Première idée, l'action politique n'est pas vaine.Deuxième idée, la politique doit conduire l'économie et non pas l'inverse.Troisième idée, l'action politique ne doit poursuivre qu'un but, consolider la communauté nationale.Quatrième idée : consolider la communauté nationale, c'est développer la société participative dans tous les domaines.Cinquième idée : l'indépendance ne signifie pas l'isolement.

Soyons clairs là encore : la pensée du bonapartisme ne commence ni ne s'arrête au 18 Brumaire même si cette action, contre le renoncement du Directoire, symbolise l'essence même de cette pensée. Si l'histoire a fait de la Campagne d'Italie et du 18 Brumaire le point d'ancrage du bonapartisme, Napoléon a constamment dépassé la problématique militaire. La guerre est certes ce qui permet de faire naître, immédiatement, le sentiment national et l'idée de défense de la patrie. En temps de paix, sentiment national et patrie s'estompent au point de devenir désuets pour certains. Aujourd'hui, la polémique sur les coûts de l'Etat-nation, la décentralisation, l'ouverture physique et virtuelle des frontières, l'internationalisation du capital conduisent certains à nier l'idée même de nation. Le monde est notre village, nous sommes devenus citoyens du monde. La vente sur Internet tient lieu de projet social planétaire. Belle utopie qui masque la réalité.

L'idée de nation reste d'une évidente actualité pour les bonapartistes ; elle n'est pas le refuge des nostalgiques de la militarisation ou des va-t-en-guerre. En y regardant de près, on s'aperçoit que les convictions nationales recouvrent l'idée même de la devise : Liberté, Egalité, Fraternité.

Jean-Louis Debré a écrit, fort justement: " La nation seule permet à la devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité, d'être cohérente. La Liberté seule détruirait l'Egalité et ferait des maîtres et des esclaves de ceux qui ont de la chance et de ceux qui n'en ont pas. Mais s'il n'y avait que l'Egalité, elle dégénérerait en égalitarisme, étoufferait la Liberté, la créativité, et appauvrirait chacun. Seule la Fraternité impose la réunion de ces deux valeurs qui, livrées à elles-mêmes, entreraient spontanément en conflit l'une avec l'autre.  Le bonapartisme ne confond pas liberté et libéralisme, il ne confond pas égalité et égalitarisme. L'excessive liberté du libéralisme libertaire conduit à nier l'idée même de nation, car le capitalisme financier n'a pas de patrie.

Etre bonapartiste aujourd'hui a donc un sens. Ce n'est ni une attitude passéiste, ni la nostalgie d'un monde révolu, ni un comportement désuet qui ferait sourire : c'est au contraire le signe d'un engagement d'une extrême modernité, dès l'instant que ce qui est en jeu, c'est l'avenir de la nation dans le contexte d'une coopération européenne, mondiale, car, désormais, la réflexion ne s'arrête pas à l'Europe. La concurrence est mondiale, la guerre économique est une réalité. Mais cette guerre ne peut pas se dérouler sans règles, car, de puis la chute du mur de Berlin, c'est la planète entière qui vit selon les règles de l'économie de marché, les derniers pays communistes et les pays pauvres constituant un formidable réservoir de mains-d'œuvre à très bas prix, facilement exploitables hors de tout repère éthique.

Le discours ambiant est celui du tout libéralisme, de la soumission à la fameuse main invisible du marché. L'homme politique est-il condamné à ne plus parler de politique sociale ? Désormais lui faut-il choisir entre le libéralisme libertaire habillé aux couleurs de la modernité et de la régression étatique ? Oser poser la question du social, de la nation est-ce déjà se condamner ? Comme tous les totalitarismes, l'économie n'aime pas ceux qui lui disent non. Or nous, les bonapartistes, nous sommes là pour dire NON chaque fois que la dignité humaine est en danger, chaque fois que la Nation et le rêve "républicain" qui l'accompagne sont menacés !

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David Saforcada
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