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David Saforcada

Le bonapartisme, essais de synthèse.

La difficulté intrinsèque du bonapartisme est de ne pas avoir une définition simple, courte et pérenne. Historiquement et politiquement, on peut retrouver au moins deux définitions complémentaires mais parfois aussi contradictoires.          

La première serait la fidélité à l’Empereur Napoléon Ier et à ses héritiers dynastiques.

La seconde serait plus idéologique. On se tourne là vers ce que le député bonapartiste des débuts de la Troisième République Paul de Cassagnac décrivait sous la formule du « n’importequinisme ». L’essentiel ne serait pas dans la personne du prétendant ou du chef de file mais dans la seule conformité avec les valeurs napoléoniennes. C’est le célèbre « nous ne servons pas le Prince mais seulement les Principes » déclamé par Cassagnac à l’Empereur Napoléon III. Ces principes, ce serait surtout un certain culte du chef, la démocratie par les liens directs entre un chef charismatique, providentiel, et le peuple, la grandeur et l’indépendance de la France, un pouvoir exécutif fort et stable, basé sur la confiance des Français, une farouche volonté de réconcilier les Français, divisés en clans, en coteries, en classes. On pourrait aussi y ajouter un aspect toujours pragmatique et novateur du bonapartisme. La réforme administrative et financière sous le Consulat et le Premier Empire, le progrès social et les réformes économiques ou bancaires sous le Second Empire, l’écologie demain par exemple.

Après la disparition de Napoléon III en 1873 et surtout après le décès tragique de son fils le Prince Impérial au Zoulouland en 1879, la principale difficulté du bonapartisme dynastique a été son éclatement. La mouvance napoléonienne a régulièrement été divisée, entre Jérômistes et Victoriens, entre conservateurs et progressistes, entre monarchistes et républicains. Les raisons sont multiples et tiennent à deux points essentiels :

1)                     Un mouvement bonapartiste doit-il avant tout se situer derrière un Napoléon ou non. Si oui, la fidélité au prétendant doit l’emporter sur toute autre considération. Mais dans ce cas se posent deux problèmes : d’abord, quel est le prétendant ? La question existe aujourd’hui avec le Prince Charles ou son fils le Prince Jean-Christophe comme elle s’est posée autrefois entre le Prince Jérôme Napoléon (Plon Plon) et son fils le Prince Victor. Ensuite, si on suit le prétendant, encore faut-il que celui-ci agisse, ou au moins se montre en héritier et entretienne la flamme impériale.

 

2)                     La deuxième raison de l’éclatement tient en l’absence de définition claire et évidente du bonapartisme. Contrairement au marxisme par exemple disposant de bases de raisonnement et d’une pensée toute scientifique, le bonapartisme lui, est tout pragmatique. On peut tirer des paroles et des actions des Napoléons comme de leurs héritiers politiques directs, des enseignements divers, donc des positionnements différents voire opposés. Par ailleurs, l’absence de véritables mouvements bonapartistes après 1940 a encore aggravé le phénomène. Indubitablement, il manque une boussole et un programme indéniable. Aujourd’hui comme autrefois, et notamment pendant toute la Troisième République.

Une tentative de définition

Comment définir un courant politique original vieux de plus de deux siècles, qui a traversé les régimes tout en s’adaptant aux conditions économiques, politiques, institutionnelles et sociaux de la France ?

Le bonapartisme repose tout d’abord sur les pratiques gouvernementales des deux Empires ainsi que sur les principaux écrits des deux Napoléons (Mémorial de Sainte-Hélène, Des Idées Napoléoniennes, Extinction du Paupérisme…) et accessoirement sur les réflexions, professions de foi, souvenirs, écrits de différents dirigeants bonapartistes de la IIIème République (dont les prétendants au trône impérial de France). De ces analyses, il ressort que le bonapartisme, tout en prônant un certain pragmatisme et en ayant connu plusieurs tendances et des époques différentes, est basé sur quelques grandes notions incontournables.

Cette ébauche de définition du bonapartisme – sans entrer dans les détails des divers courants internes, bonapartisme conservateur ou révolutionnaire, social ou plus libéral, clérical ou athée… - regroupe des valeurs napoléoniennes fortes : la conciliation entre l’autorité et la démocratie, entre la volonté de préserver l’ordre (l’ordre sécuritaire tout autant que l’ordre social) et celle d’apporter d’immenses progrès sociaux aux plus démunis.

Souvent antiparlementaire, le bonapartisme récuse les intermédiaires (corps, castes, partis politiques, assemblées) entre le peuple souverain et le chef. En ce sens, il privilégie le rapport direct entre l’exécutif et les citoyens, notamment par le biais des plébiscites (ou référendums) et de l’élection au suffrage universel direct du chef de l’Etat. Le bonapartisme n’entend se classer ni à droite ni à gauche, préférant le « juste-milieu » ou, sinon le centre, plutôt le « haut ». Il est un ferme partisan du renforcement du pouvoir exécutif au détriment du législatif, souvent considéré comme paralysant.

En relations extérieures, le bonapartisme défend la notion de « grandeur de la France » et, tout en encourageant l’unité européenne, entend promouvoir les souverainetés nationales et le respect des peuples.

Enfin, le bonapartisme, c’est le respect des principes de 1789, l’égalité tempérée de la hiérarchie, la tolérance religieuse, le respect de la loi, de l’ordre et de la justice, le refus des extrêmes, une fusion nationale, ennemie de toute idée de parti, la promotion de tous par le mérite, l’ensemble dans une véritable stabilité politique obtenue par la consécration du principe d’autorité incarnée dans un Chef légitimé par le peuple.

Césarisme ou bonapartisme ?

Cela fait maintenant deux siècles que les termes de bonapartisme et de césarisme sont indifféremment employés pour qualifier les régimes et les doctrines napoléoniennes. Mais, s’agit-il de réels synonymes ?

Le césarisme est à l’origine le nom donné au régime politique de monarchie absolue que voulait instaurer Jules César à Rome. Il sera précisé par la suite afin d’en faire une pensée politique centrée sur un chef charismatique, gouvernant pour le bien de son peuple en écartant les pouvoirs intermédiaires. Son caractère absolutiste est tempéré par le lien direct qu’il créé et entretient avec la nation.

Avec le Consulat et l’Empire, le bonapartisme apporte une variante importante au césarisme. Il définit désormais une certaine doctrine, toujours centrée sur un chef, mais en personnalisant de plus en plus cette fonction : tout d’abord Bonaparte, Napoléon puis sa famille, dans le respect des senatus-consulte. Surtout, le bonapartisme rajeunit la figure césariste en lui enjoignant quelques cadres fixes : l’appel au peuple, l’ordre, l’autorité, la souveraineté (nationale et populaire), la diffusion des idées révolutionnaires, le progrès social, la grandeur de la France, la personnalisation du pouvoir avec un chef qui utilise systématiquement le plébiscite, la glorification de l’armée….

Après 1870, le bonapartisme survit électoralement et idéologiquement puis s’atténue rapidement, jusqu’à disparaître quasiment de la vie politique française. Après 1879, l’espoir de restauration dynastique n’existe presque plus. La famille Bonaparte se déchire. Les prétendants n’en sont plus réellement.

Alors, le césarisme – sans connotation napoléonienne – revient sur le devant de la scène. Ce seront les expériences – heureuses ou malheureuses – du général Boulanger, de la Ligue des Patriotes, des ligues (Taittinger, de la Rocque) des années trente, du général de Gaulle…

Est-ce encore du bonapartisme ? Souvent oui en raison des idéaux proclamés. Parfois également dans la « mise en scène », dans l’apparence (un général sauveur de la nation), dans la filiation (Taittinger n’était-il pas un ancien député bonapartiste ?). Mais, le césarisme nouveau se détache fortement du bonapartisme en ce sens qu’il écarte toute question d’hérédité.

 Le rôle historique des Napoléons

L’héritage des deux Empires est immense. Le rôle historique de l’Empereur (des Empereurs même) ne se cantonne pas aux épopées militaires qui virent les armées françaises victorieuses pendant quinze ans sur le continent européen. La Grande Armée plantait le drapeau tricolore de Madrid à Moscou, de Naples à La Haye, de Bruxelles à Vienne, de Berlin à Sarajevo... Les victoires se succédaient : Marengo, Ulm, Austerlitz, Iéna, Auerstaedt, Friedland, Essling, Wagram, Moskova, Lützen, Bautzen, Champaubert, Brienne… Ces noms résonnent encore sur les plis tricolores.

Mais, le rôle historique de Napoléon est encore plus puissant. C’est bien à lui que revient la délicate mission de fermer l’ère révolutionnaire. Non pas en impulsant une saccade réactionnaire mais en consolidant l’idéal de 1789. Après Brumaire, la Révolution est finie. Place à la réconciliation nationale. « Ni talon rouge ni bonnet rouge, je suis national » pouvait proclamer le nouveau Premier Consul. Les errements étaient révolus. Seule l’ambition nationale demeurait. Cesser une Révolution vieille de dix ans, en poursuivre l’oeuvre émancipatrice, faire naître une société nouvelle, voilà le rôle de Bonaparte.

Comme l’ont fait les révolutionnaires français depuis Valmy, le rôle de Napoléon va également être d’exporter les idéaux de 1789 dans toutes les Nations européennes. D’une main, le grognard portait le fusil, de l’autre, il maniait le code civil, symbole d’une mentalité nouvelle, d’un droit basé sur l’égalité des citoyens. Liberté, Egalité, Fraternité, la devise pouvait s’étendre sur l’ensemble du continent. En 1807, Napoléon supprimait le servage en Pologne. Partout, les peuples reprenaient à leur compte les valeurs universelles transmises par la France. Les révolutions nationales (notamment celles de 1848) étaient en germe sous l’Empire, au nom de 1789. Voilà encore un rôle historique de Napoléon : populariser et exporter les concepts forts de la Révolution Française au monde entier.

Enfin, comment renier le formidable héritage institutionnel légué par Napoléon. En quelques années seulement (1799-1815), la France a changé de visage. Elle a été remodelée, en profondeur. Mieux, les réalisations de Bonaparte ont franchi les siècles et, pour la plupart, régissent encore aujourd’hui la société française. Citons entre autres, le Code Civil, les Préfets et sous-préfets, la Banque de France, la Cour des Comptes, les Lycées, le baccalauréat, le Conseil d’Etat, le Code Pénal, les Prud’hommes, la Légion d’Honneur, le Concordat, l’Ecole de Saint-Cyr, le Cadastre, le Franc Germinal, les Chambres de Commerce, la pacification de la Vendée, la réorganisation du notariat, l’Université Impériale…

Alors, le bilan napoléonien est bien positif. Au-delà des polémiques, la mission historique de Napoléon a, en quelque sorte, été de faire entrer la France et une bonne partie de l’Europe dans le dix-neuvième siècle.

Quant à son neveu Napoléon III, la France lui doit en grande partie son visage économique, social et bancaire. Là encore, dresser la liste des réalisations dues aux vingt années de son règne relève de l’exploit. En disciple de Saint-Simon, Louis Napoléon fait entrer la France dans la Révolution industrielle. L’Etat intervient dès lors dans les affaires économiques du pays. La rénovation des villes (et pas seulement celle de Paris), le réseau ferroviaire, les banques modernes, les grands magasins, le développement des transports… restent son œuvre. Notre dernier souverain fut l’un des rares chefs d’Etat français à se pencher, sérieusement et généreusement sur le sort des plus modestes. Qui songe par exemple que le droit de grève a été octroyé sous le Second Empire et que le régime impérial développa les sociétés de secours mutuels que l’on peut considérer comme les prémices de la Sécurité Sociale ? Qui sait que la retraite des fonctionnaires date de 1853 et que pour les salariés du secteur privé, une caisse nationale de retraite fut instituée dès 1850 ?

Les deux Napoléons ont multiplié les incursions dans le domaine de la propagande (nous dirions aujourd’hui de la communication politique). Le général Bonaparte y excella dès 1796 et la campagne d’Italie. Il le poursuivit avec les « Bulletins de la Grande Armée » et paracheva avec le « Mémorial de Sainte-Hélène ». Son neveu poursuivit dans la même voie avec divers ouvrages dont les plus réputés furent « Des idées napoléoniennes » et « L’Extinction du Paupérisme ».

Cependant, arrivés au pouvoir, ni l’un ni l’autre ne formèrent de parti, de groupe ou de mouvement bonapartiste. Les souverains s’appuyaient directement sur le peuple, se méfiant souvent des clans et des notables qui restèrent attachés au régime tant que celui-ci durait et servait leurs intérêts. A la chute – brutale - des Napoléons (1814 puis 1815 pour le Premier ; 1870 pour le Second Empire), ses soutiens s’effondrèrent.  Seul le peuple restait fidèle.

Après 1870, les bonapartistes semblèrent disparaître tout à fait. En l’absence de plébiscite ou d’appel direct aux électeurs, il ne restait plus souvent que quelques personnalités éparses. Le plus fréquemment, les cadres du « parti » (mais méritait-il cette dénomination ?) étaient d’anciens préfets ou ministres de Napoléon III. Le mérite de Rouher – qualifié de vice-empereur – fut de réunir ces individualités liées par la fidélité pour en faire un parti. Mais, après la mort du Prince Impérial en 1879, Rouher cessait le combat et la mouvance sombra dans le néant.

Le bonapartisme sous la Troisième République

D’une vingtaine de parlementaires fidèles en 1871, les députés bonapartistes se retrouvent une trentaine en 1875 puis surtout une centaine en 1876 et 1877. Ils se regroupent au sein du groupe parlementaire de l’Appel au Peuple animé par Rouher, Raoul-Duval, le baron Eschassériaux, Levert et de Cassagnac. L’installation de la République - troisième du nom - et surtout la disparition du jeune Prince Impérial en 1879 vont provoquer l’effondrement du courant bonapartiste. Les militants demeurent mais les électeurs rallient désormais le camp républicain tant les dissensions napoléoniennes, l’absence d’un chef incontesté et le reflux de tout espoir ne rendent plus l’objectif d’un retour impérial plausible.

A la chambre, les effectifs du groupe parlementaires chutent à 46 députés en 1881, 65 en 1885 et 52 en 1889. La plupart des bonapartistes participent à l’aventure boulangiste, ce qui, avec l’alliance électorale avec les royalistes, accélère le déclin déjà bien amorcé. La vingtaine de députés bonapartistes élus en 1893 ne constituent même plus de groupe parlementaire. Les fiefs électoraux se réduisent à la Charente, la Corse, la Dordogne, le Calvados…

Si les élus, nationaux et locaux, tendent à disparaître, les groupes bonapartistes, eux, subsistent : comité plébiscitaires ou impérialistes, union de la jeunesse plébiscitaire, Jeune garde, cercles Napoléon, jeunesse bonapartiste… Un petit renouveau militant et électoral intervient en 1919. Une quinzaine de bonapartistes se retrouve à la chambre des députés dont Pierre Taittinger, le prince Murat, le marquis de Dion, Cassagnac, Engerand, Fougère, Flayelle, Flandin ou encore Le Provost de Launay.

En 1923, les divers comités se rassemblent au sein d’un Parti de l’Appel au Peuple dont les principaux animateurs seront le Prince Murat, le général Koechlin Schwartz, l’ancien député Rudelle, Georges Poignant, le baron Brunet ou l’ingénieur Jamet. Le courant s’appuie sur plusieurs journaux comme Brumaire ou La Volonté Nationale. Toutefois, n’exagérons pas l’importance de ce parti qui, globalement, ne dépassera jamais le millier d’adhérents.

Le mouvement créé lors du « Banquet Bonapartiste » organisé par Théodore Rudelle, secrétaire général du « Comité Politique Plébiscitaire », député de Versailles de 1902 à 1910. Y participent notamment l’ancien député de la Seine-et-Oise Albert Gauthier de Clagny, l’ancien secrétaire du Prince Jérôme Napoléon, Georges Poignant, le lieutenant-colonel Rousset, écrivain militaire et député de la Meuse de 1902 à 1906 et Joseph Maybon, ancien vice-président des Comités Plébiscitaires de la Seine. Lors de cette journée est annoncée la formation du Parti de l’Appel au Peuple, chargé de remplacer le Comité Politique Plébiscitaire constitué en 1911. L’objectif semble de lancer un mouvement d’envergure, l’embryon d’un « parti de masse », avec des adhérents, une doctrine, des structures…

Le parti est provisoirement confié à un « comité de l’Appel au Peuple » dirigé par le Prince Achille Murat, l’ancien député Théodore Rudelle, l’abbé Georges Henocque (secrétaire général du comité), Henri Provost de la Fardinière (futur député du Calvados) et l’avocat Roger Guérillon. Le 14 février 1924, le publiciste André Desmarets, ancien secrétaire général de l’Union de la Jeunesse Bonapartiste et directeur de La Volonté Nationale, dépose les statuts du « Parti de l’Appel au Peuple » dont le but est « de grouper en vue de la propagande sous toutes ses formes, tous les citoyens qui demandent la révision de la Constitution et l’élection du Chef de l’Etat directement par le Peuple ». Le parti est administré par 3 jeunes parisiens : André Desmarest, Henri Provost (devenu plus tard Provost de la Fardinière) et Jean-Paul Bezançon.

Les jeunes militants sont réactivés. Les « Jeunesses Bonapartistes » animées par Jean-Paul Bezançon publient La Revue Plébiscitaire. La même année, les « Etudiants Plébiscitaires » sont reconstitués avec les frères Roger et Charles Giron, Roger Palmiéri (futur avocat bien connu, dont la carrière politique s’étendra sur les IIIème, IVème et Vème Républiques, finissant député européen dans les années 1980), Pierre Bloch d’Aboucaya, dont la carrière politique sera encore tout aussi éblouissante puisqu’il sera conseiller général puis député SFIO de l’Aisne sous le nom de Jean Pierre-Bloch). Le Prince Achille Murat en est le président d’honneur.

Le Parti de l’Appel au Peuple fait de La Volonté Nationale son organe officiel. Les bonapartistes comptent alors une quinzaine de députés élus en 1919 sur des listes d’union nationale. En 1926, après le décès de Rudelle, la présidence du parti est assurée par le Prince Joachim Murat. En décembre 1927, Gauthier de Clagny meurt. Il est remplacé à la vice-présidence par le baron Brunet qui accédera à la présidence en 1929. En 1933, le général Koechlin-Schwartz devient président du parti de l’Appel au Peuple. Il est assisté du Prince Murat, du duc d’Albuféra, de Georges Poignant et du duc de Massa.. Enfin, l’ingénieur Louis Jamet devient officiellement président du Parti (en réalité, il est nommé par Koechlin-Schwartz qui devient « représentant du Prince » et qui assure de fait la réalité du pouvoir).

Le dernier parti bonapartiste est essentiellement implanté à Paris. Outre la région parisienne qui rassemble 38% des membres, d’autres sections existent à Lyon, dans le sud-ouest, l’ouest (Charente, Vienne), le midi méditerranéen, un peu dans le Nord Pas de Calais, la Somme, la Savoie, l’Isère, le Puy de Dôme, la Normandie ainsi qu’en Algérie.

En 1940, le Prince Napoléon dissous les groupes bonapartistes. Malgré quelques éphémères réapparitions sur la scène politique, la mouvance napoléonienne sombre dans le silence. Les fidèles abandonnent souvent le combat politique et intègrent les associations napoléoniennes purement culturelles. En Corse subsista un comité central bonapartiste (CCB), devenu récemment « Parti Bonapartiste » qui continua à tenir la mairie d’Ajaccio jusqu’en 2001 (hormis de 1919 à 1925 et de 1945 à 1947), à faire élire des députés comme Antoine Sérafini de 1951 à 1956 puis de 1962 à 1964, Marc Marcangeli en 1994-1995, un sénateur en la personne de Charles Ornano de 1980 à 1994, des conseillers généraux et régionaux, et récemment le président du conseil général de la Corse-du-Sud Marc Marcangeli. L’ancien CCB semble actuellement renaître de ses cendres sous la présidence de M. André Villanova et de Pierre-Simon Miniconi, ancien adjoint au maire d’Ajaccio.

En 1992, de jeunes militants constituaient un « Rassemblement Bonapartiste » qui, s’appuyant sur 300 adhérents, s’implanta dans la plupart des régions, multiplia les actions et les retombées médiatiques. Mais, essoufflés et divisés entre apparences politiques et pures volontés historiques, les responsables du RB prononcèrent la dissolution du mouvement après quelques années d’existence.

En 2000, l’héritage fut repris par « France Bonapartiste » qui tente encore actuellement de réaliser la synthèse napoléonienne. Plusieurs candidats se sont présentés sous l’étiquette bonapartiste depuis une dizaine d’années, aux élections locales et législatives. Quant au Prince Charles Napoléon, après avoir été élu adjoint au maire d’Ajaccio (contre la liste bonapartiste du Dr Marc Marcangeli), il s’est présenté aux élections législatives de 2007 à Fontainebleau puis aux élections municipales à Nemours en 2008. Sites internet, bulletins, actions militantes et médiatiques, travaux historiques, actualisation de l’idéologie bonapartiste, combats électoraux, relations avec d’autres mouvements (notamment souverainistes et gaullistes), l’ensemble démontre un certain renouveau de la pensée et de l’agissement bonapartiste.

L’espoir dynastique s’est quasiment éteint en 1879 avec la mort du Prince Impérial. En revanche, on peut raisonnablement estimer que le bonapartisme, hors de toute préoccupation dynastique, est toujours un recours. Quand la France est exsangue, quand la crise – économique, politique, militaire, sociale, intellectuelle - est trop profonde, les Français arrivent toujours à reconnaître leur sauveur. Ce chef providentiel, incarnant les valeurs de souveraineté, d’indépendance et de grandeur de la France, puisant dans les valeurs historiques du pays, parvenant à réconcilier les Français par delà les divergences et les classes, est par définition un nouveau Bonaparte.

En ce sens, le bonapartisme, vieille résurgence d’un césarisme démocratique, né avec le général Bonaparte lors de la campagne d’Italie en 1796-1797, semble bien perdurer dans la sphère politique française plus de deux siècles après sa prime formulation.

Thierry Choffat

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